Réflexions sur la notion d'art pompier.
« Jamais art na été aussi admiré que la peinture
académique du 19ème siècle. » Cest par cette phrase que James
Harding commence son ouvrage intitulé : « Artistes pompiers : french
academic art in the 19th century ».[1]
Or, cette assertion nest vraie que si lon se place dans le contexte
contemporain de création de cette peinture. Les différents décrochages dans les musées
de province, au cours des années 1950-1960 sont en effet la preuve dune
dévaluation de la production de cette période.[2]
Ces décrochages pourraient dailleurs sexpliquer notamment par le goût
marqué de
Il en va de même pour laccueil mitigé réservé au Musée dOrsay qui faisait la part belle à ce pan de la création dès son ouverture en 1986.[3] Si la polémique existe encore, bien que de manière plus ténue, autour de la qualité de certaines de ces uvres et sur le talent de certains de ces artistes, cest bel et bien la catégorie elle-même, ainsi que sa dénomination qui posent problème aujourdhui. La conférence de Jacques Thuillier de Mars 1980 en est un exemple parfait, que ce soit dans son contenu, comme dans son intitulé. En effet, cest à dessein que Jacques Thuillier pose la question suivante, qui se révèle doublement évocatrice : Peut-on parler dune peinture « pompier » ?
Ainsi, dune part, la forme interrogative indique immédiatement que lon ne conçoit pas, dans le cadre de cette étude, lart pompier en tant que production, ni en tant que corpus bien défini de peintures mais bien en tant que notion dont la pertinence reste à définir ; dautre part le terme pompier est entouré de guillemets insistants sur labsence de certitude quant à sa validité dans le cadre de travaux dhistoire de lart. Or, comme lexplique Jacques Thuillier, lusage dune catégorie a pour but de « préparer le regard », ce sont donc des concepts quil est dangereux de manipuler pour plusieurs raisons : lauteur stigmatise ainsi le danger de discourir sur les catégories plutôt que de sintéresser aux uvres, celui de voir des concepts, qui devraient être sujets à des questionnements perpétuels, se figer dans une sclérose néfaste aussi bien pour les uvres que pour la réflexion dont elles sont lorigine, et enfin celui de voir un rapport trop fort sinstaller entre létiquette que lon va appliquer à un artiste ou à sa production et la perception que lon aura de cet artiste ou de cette uvre, résultant manifestement de cette catégorisation. Dans ce cadre il nous semble de fait fondamental de ne pas négliger linfluence de la dénomination avant de sintéresser aux caractéristiques quelle synthétise. Et dans le cas de lart pompier, le terme même cristallise de nombreuses questions : quelle est son origine ? Quelle en est la signification véritable ? Quel est son poids quant à la perception des uvres et des artistes quil qualifie ?
Quant aux origines du terme, les différents ouvrages consultés fournissent une égale réponse qui est que nous ne la connaissons pas exactement. Ce que Jacques Thuillier nous propose den retenir est avant tout son homophonie avec la pompe, établissant ainsi un parallèle intéressant avec la representatio fastueuse de la haute société sous le Second Empire, période à laquelle la notion dart pompier semble irrémédiablement liée. Cette homophonie est, de fait, particulièrement pertinente si lon regarde du côté des historiens dart étrangers. En effet, soit ils conservent le terme français, ainsi James Harding Artistes pompiers : french academic art in the 19th century soit ils utilisent celui de pompeux, ainsi Hans Jürgen écrit-il dans son dictionnaire un article intitulé : « Das Pompöse Zeitalter : zwischen Biedermeier und jugendstil ».[4] De fait, il est absolument fondamental dans la remise en question de la notion dart pompier de garder en tête que cette notion semble à lheure actuelle intraduisible. De plus, lon apprend que la dénomination de cette catégorie est selon toute probabilité le fruit dune boutade de rapins qui prendrait son origine soit dans les casques des tableaux historiques, rappelant notamment les casques de pompier des années 1830, soit dans le fait que les pompiers étaient perçus à lépoque comme des hommes frustrés de ne pouvoir porter luniforme militaire dans une période où luniforme était un symbole social particulièrement fort et apprécié et dont lamour pour leur tenue confinait, dans limaginaire populaire, au ridicule. Née dune plaisanterie, la notion dart pompier semble cependant connaître un regain dutilisation dans les années 1970, soit dans la décennie qui suit les nombreux décrochages dans les musées de province.[5] Notons à ce sujet lexposition de Hampstead : Art pompier : anti-impressionism en 1974, larticle de Connaissance des Arts de Juin 1974 qui apparaissait sur la manchette sous le titre : « Les Pompiers : brusque flambée des prix. » ou encore en 1975, à Bordeaux cette fois, une exposition des réserves du musée qui portait le titre : Pompiérisme et peinture équivoque.[6] On ne peut dailleurs sempêcher de noter que la notion est utilisée avec une valeur péjorative évidente que ce soit en lopposant au sacro-saint mouvement impressionniste, ou par lintermédiaire dun jeu de mot douteux ou encore en accolant ladjectif équivoque au titre de lexposition.[7]
A la différence de ces ouvrages, Jacques Thuillier oriente sa réflexion dans une perspective plus proche de lhistoire de lhistoire de lart, à la recherche notamment dune légitimité dun concept en vogue, lors de sa conférence de 1980 noublions pas à ce propos que le Musée dOrsay ouvre en 1986, soit deux ans après la publication de cette conférence ce qui souligne bien évidemment lactualité brûlante de la prise de parole de Jacques Thuillier. Depuis lors, lon a vu que peu de sommes publiées ainsi signalons le texte de Louis-Marie Lécharny en 1998.[8] Notons que, la quasi absence, de publications à ce sujet hors monographies dartistes est symptomatique de la difficulté de définir avec pertinence un corpus lorsque lon travaille sur lart pompier. Il nest pas non plus innocent que Louis-Marie Lécharny ne soit pas historien dart mais issu de lEcole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris : dune part lart pompier ne peut se désolidariser de lhistoire de linstitution comme nous le prouve dailleurs la première partie de son ouvrage qui sintitule : « La tradition académique » dont Louis-Marie Lécharny est diplômé, et dautre part ny aurait-t-il pas là une tentative de réhabilitation dune tradition dont lauteur lui-même serait le fruit ? Il exprime dailleurs lui aussi la difficulté de définir véritablement lart pompier qui désigne selon lui, tour à tour : « une thématique, un style daté qui évolue lui-même avec le temps, une situation, un jugement de valeur, une insulte, la désignation imagée dun style artistique apprécié. »[9]
Ces quelques repères étant posés, il nous faut étudier la notion dans ce quelle a de problématique. Outre les questions liées à lorigine du mot ainsi quà sa pertinence que nous avons déjà abordées, mais sur lesquelles nous reviendrons, cest bel et bien la question du corpus et donc de la chronologie à donner à cette production quil nous faudra poser. Cette question du corpus nous mènera donc à nous interroger sur la notion dart national et sur sa pertinence ainsi que sur linfluence de lidentité dans la perception dune catégorie en histoire de lart. Par le biais de ces questionnements sur la perception il nous faudra aussi étudier laction du temps sur celle-ci et replacer lart pompier face à sa réception et à sa récupération politique, avant de conclure en interrogeant les utilisations contemporaines de ladjectif « pompier ».
Lorigine de lappellation, nous lavons vu, est une plaisanterie, cependant ce nest pas un cas isolé dans lhistoire de lart. Que ce soit le cubisme ou limpressionnisme ou encore le fauvisme, les « ismes », dont les historiens dart sont friands, sont souvent nés dune critique négative ou dune raillerie puis se sont vus réapproprier par les chercheurs pour catégoriser une production type. Il est aussi arrivé que certains termes voient leur sens évoluer, ainsi quand on qualifiait Ingres de gothique, Lapauze explique quon entendait alors par gothique un « réalisme pris dans la nature » à lopposé de lécole davidienne.[10] Il sagit du même terme qui caractérise aujourdhui la production dune période donnée du moyen-âge en Europe, mais son acception a changé. Or le rôle du temps sur les mots et leur usage est primordial dans le cadre de travaux sur les catégories en histoire de lart. Cependant, si certains mouvements dont le nom provient dune plaisanterie ont vu cette dernière devenir elle-même sujet de moquerie, ce nest pas toujours le cas et nous ne pouvons que constater que sagissant de la peinture « pompier », le caractère méprisant de lintitulé est encore de nos jours assez prégnant comme lécrit Jacques Thuillier : « Si le mot parvenait au point où il nait plus aucune nuance péjorative ni aucun contenu polémique (ce qui nest pas encore le cas), il pourrait finir par désigner toute la production internationale de ce temps. »[11] Certes le Musée dOrsay, ouvert entre temps, a remis sur le devant de la scène de nombreux peintres oubliés, mais outre les critiques lors de louverture, on ne peut nier que les uvres phares du musée sont principalement les uvres impressionnistes, et que nombres duvres académiques sont encore dépréciés par une grande partie du public qui ne semble accepter de découvrir ces peintres que dans le cadre dexpositions monographiques, telle celle sur Bastien-Lepage en 2007.
Selon François Derivery, cest la structure très minimaliste dOrsay qui exclue les parallélismes en cloisonnant les uvres par catégorie ou par artiste.[12] A ce sujet, notons la proposition de Werner Hoffmann lors dun colloque encore inédit, organisé par le Musée dOrsay et lEcole du Louvre en Septembre 2007, qui proposait pour le Musée dOrsay des salles nucléaires dans lesquelles cohabiteraient autour dun noyau, dune uvre forte, différentes productions qui lui sont liées soit stylistiquement soit chronologiquement afin de faire « éclater la carcasse des styles ». Une telle proposition serait peut-être bénéfique dans le cadre de la peinture dite pompier puisquelle en permettrait le décloisonnement et quelle refuserait denfermer certaines uvres dans une catégorie qui ne leur correspond pas et dont les contours sont mal définis. Notons par ailleurs que Werner Hoffmann a employé pour qualifier la production du 19ème siècle le terme d « hétéroclitisme », quil tire des textes de Baudelaire en partant de la citation suivante : « Le Beau est toujours bizarre. »[13] Ce terme pourrait être une nouvelle clé de lecture quant à la création de la deuxième moitié du siècle tout comme lautre proposition de Werner Hoffmann qui est celle de « lAllégorie réelle ». Ainsi, il apparaît que la signification même du terme utilisé pose problème, ce qui pousse dailleurs Jacques Thuillier à penser que son utilisation pourrait disparaître et à insister à plusieurs reprises sur linvalidité de son usage voire de sa provenance : « Ce terme sest introduit dans lhistoire de lart par lescalier de service, cest-à-dire largot des ateliers. » ou encore : « Le mot est au départ un sarcasme : la polémique disparue, il peut sévanouir. »[14]
Laissons de côté le terme pour interroger à présent le corpus, et la chronologie quil est sensé définir. Car cest bien là le véritable enjeu de la catégorisation, permettre de savoir de quoi on parle précisément lorsquon parle dart pompier. Alors que la simple étude de lemploi du mot et de sa signification posait déjà de nombreuses questions, celle du corpus est encore plus problématique. Pour nous en convaincre notons la chronologie proposée par différents auteurs : James Harding nous parle de la peinture académique en France au 19ème siècle, mais, sa traductrice croit bon de redéfinir la chronologie et traduit le titre par : « la peinture académique en France de 1830 à 1880 » une fois de plus la manie quont les traducteurs français de changer les titres des ouvrages quils traduisent saute aux yeux ! Jacques Thuillier situe quant à lui le « pompiérisme » entre 1863 et 1914, Louis-Marie Lécharny reste assez flou écrivant : « Le qualificatif de « pompier » sapplique donc à définir lart des Salons de la seconde moitié du 19ème siècle. ». Mais notons aussi que Georges Isarlo qualifie lEcole dAthènes de Raphaël de peinture pompier en 1966, appliquant le terme à la période du 16ème siècle italien ![15] Ainsi, si, à lexception de la provocation de Georges Isarlo, il semble clair que la période définie se situe dans la seconde moitié du 19ème siècle, sa détermination chronologique reste approximative ce qui nest cependant rien en comparaison du corpus dartistes et duvres que lon insère dans cette catégorie.
Outres les grands noms qui sont étroitement liés à cette tendance, tels que Jean-Paul Laurens, Jean-Léon Gérôme, Léon Bonnat, Louis-Ernest Meissonier ou encore William Bouguereau, gravitent autour de ces derniers un nombre incalculable de petits maîtres ou de peintres spécialisés, le très préhistorien Cormon, les très militaires Detaille et Alphonse de Neuville ou encore le très barbare Luminais. Or voici un premier accroc à ce corpus, son extraordinaire potentiel de sous-catégorisation. Il y a les peintures militaires, le naturalisme de salon des Lhermitte et Bastien-Lepage, les grandes machines pompéiennes de Gérôme, les nus de Jules Lefebvre Tant de sous-catégories qui forment une mosaïque qui semble trop complexe et trop variée pour appartenir à la même grande notion. Cependant il apparaît évident que léclatement de la notion en une multitude de sous-groupes tendraient à la perte de sens totale de la catégorie originelle qui induit une forme de courant général commun à ces pièces aux sujets divergents. Outre ce problème de lexplosion du corpus en une multitude de corpus, il en existe un autre qui consiste en labsence dune véritable définition de ce corpus duvres. Ainsi, Moreau a-t-il longtemps été considéré comme un artiste pompier avant dêtre réhabilité par la rhétorique surréaliste de Breton ou de Dali dont les efforts cumulés vont contribuer à faire de Moreau un artiste à part, une sorte davant-garde à lui tout seul.[16]
Notons par ailleurs que si lon parle dart « pompier », on ne parle finalement jamais que de peinture ! Comme si dans une sorte dassimilation du signifiant et du signifié, à force dassocier le qualificatif de pompier aux grandes machines historiques de la seconde moitié du 19ème siècle, peinture pompier était devenue synonyme dart pompier, excluant ainsi la sculpture de cette catégorie. Une telle vampirisation dun terme par un autre est encore symptomatique dune certaine hiérarchie des arts et pose un véritable problème que Jacques Thuillier contourne habilement en parlant de « peinture « pompier » » mais que Louis-Marie Lécharny lui ne parvient pas éviter en intitulant son ouvrage « LArt pompier » mais en ne parlant que de peinture. En effet, il semble véritablement plus juste de parler de peinture pompier, la sculpture ayant déjà fort à faire avec le terme déclectisme ! Mais le corpus, et de par le fait le concept même, deviennent véritablement bancals si lon sintéresse à la nationalité des peintres.
Le constat que fait Jacques Thuillier est édifiant, la peinture
« pompier » en tant que concept catégoriel ne traite que de la peinture
française ! Or que dire dun peintre comme Matejko, qui, sil est
considéré comme lun des grands maîtres du siècle en Pologne, nen est pas
moins un représentant dune peinture « pompier » qui se doit
dêtre conçue comme un mouvement européen voire international. Lanalyse de
Jacques Thuillier à ce sujet est tout à fait pertinente, si
Ce problème de la « nationalité » de lart pompier nous a notamment mené vers la question de la valeur perçue dun uvre tel que celui de Matejko, selon que lon soit (ou que lon se sente) historien dart polonais ou que lon soit (ou que lon se sente) historien dart français. Cest donc bien des questionnements autour de la valeur accordée à une uvre qui sont en jeu lorsque lon sintéresse à la peinture « pompier ». Et cette valeur accordée est fonction du temps et de lespace. En ce qui concerne lespace, nous lavons vu, il sagit de lespace géographique et politique dont lartiste et lhistorien sont issus, c'est-à-dire la question de la nationalité voire dans certains cas, et, cest ce qui rend létude de cette période problématique, du nationalisme, car on ne peut considérer que la mise en avant de luvre de Matejko en Pologne nest pas mâtiné dun certain nationalisme (et non patriotisme qui serait anachronique dans le cadre dune étude sur le 19ème siècle.) Quant au temps nous lavons vu, son action est variée : la peinture « pompier » portée aux nues au 19ème siècle est ensuite jetée aux oubliettes dans les années 1950 avant de ressortir progressivement des réserves dans les années 1970 et de se voir même offrir de nombreuses salles du Musée emblématique du 19ème siècle en France, en 1986. Par ailleurs, des conférences comme celles de Jacques Thuillier ou des travaux comme ceux de Louis-Marie Lécharny contribuent dautant plus à la visibilité de ce pan indéfini de la production du 19ème siècle. Mais le revers de la médaille serait selon Jacques Thuillier, que cette redécouverte modifie de manière trop radicale le système de valeur inhérent à lhistoire de lart du 19ème siècle. Système bien évidemment multiforme, que ce soit par la comparaison avec les avant-gardes ou par celle dartistes mineurs avec les grandes figures de lart pompier.
Si la réaction des conservateurs des années 1950 peut paraître
démesurée, il faut prendre garde à ne pas tomber dans leffet inverse et vouloir
comparer une production telle que la peinture académique à limpressionnisme ou au
réalisme social de Courbet. Cest bien là aussi lun des enjeux de cet objet
en ce sens quil est très facile de taxer de révisionnistes ceux qui veulent
sattacher à redéfinir véritablement ce que serait lart pompier. En effet,
toute étude comparative mènerait le chercheur à constater que contrairement à une
idée reçue qui fait de la peinture pompier un art de propagande gouvernementale,
cest bel et bien chez ces peintres que lon montre la révolution sociale et
son implication dans lHistoire. Comme le souligne Jacques Thuillier, non sans
éviter une saine provocation : « Et lors de laffaire Dreyfus,
cest Degas qui fait figure dantisémite obstiné, cest Debat-Ponsan qui
peint et expose
Aujourdhui, le débat reste ouvert quant à la pertinence terminologique de lappellation art pompier et comme nous lavons vu, les deux termes de cette équation semblent sujets à caution : art, alors quon ne parle que de peinture, pompier, alors que le mot ne désigne ni une école, ni un corpus clair et défini. Il est cependant singulier de voir aujourdhui que le terme saffranchit de son utilisation réservée à lhistoire de lart pour sétendre notamment au domaine musical, ainsi certains groupes de musique contemporaine aux mélodies ampoulées et grandiloquentes se sont-ils vu taxer de ladjectif pompier par des critiques musicaux. Ce genre dutilisation entraîne néanmoins une perversion du sens premier du terme puisque pompier nest pas synonyme dun courant véritable mais plus dun objet pompeux, prétentieux, dans une sorte dimprégnation de la signification même du terme par lhomophonie entre pompier et pompe.
Quant à savoir quel est lavenir de lemploi du terme et de fait celui de la catégorie en elle-même, le débat reste ouvert. Selon Jacques Thuillier, il existe deux possibilités, soit, le caractère péjoratif de la dénomination reste ancré à lobjet détude et alors le terme sera toujours usité mais en tant que terme historique plus quen tant que concept, soit il sen débarrasse et, alors seulement, pourra-t-on peut-être passer à une nouvelle appellation en adéquation plus étroite avec lobjet en soi ou allant plus loin encore, le terme sera conservé pour désigner lensemble de « la production internationale de ce temps »[19]. Signalons cependant, quil juge cette catégorie comme trop vaste et ne permettant pas de définir véritablement un objet détude pertinent, à la différence de Louis-Marie Lécharny qui le préfère au terme déclectisme en cela quil embrasse un plus grand corpus et que ses limites sont beaucoup plus larges voire lâches.[20] Il apparaît donc prématuré de mettre totalement de côté cette terminologie mais aux vues des différents problèmes posés par ce concept, il semble évident quune étude de fonds véritable est nécessaire afin dapporter des solutions aux questions liées à la sémantique, au corpus, aux notions dart national et au rôle de lhistoire dans la constitution dune catégorie dhistoire de lart et de répondre, enfin, à la question posée, avec justesse, par Jacques Thuillier : « Peut-on parler de peinture « pompier » ? ».
Si vous souhaitez un complément d'information.
[1] Harding, James, Les Peintres Pompiers : la peinture académique en France de 1830 à 1880, trad. Nadine Chaptal, Flammarion, Paris, 1980.
[2] Thuillier, Jacques, Peut-on parler dune peinture « pompier » ? , Conférence au Collège de France, Mars 1980, PUF, 1984.
[3] Derivery, François, « A propos de lart pompier », Ligeia : dossiers sur lart, n°9-10, 1991, p. 84-100.
[4] Thuillier, Jacques, Op. Cit.
[5] Idem.
[6] Ibid.
[7] A propos de calembours, notons celui de Gérôme rapporté par Louis-Marie Lécharny : « Il est plus facile dêtre incendiaire que pompier. »
[8] Lécharny, Louis-Marie, LArt Pompier, Que sais-je ?, PUF, Paris, 1998.
[9] Idem.
[10] Lapauze, Henry, Ingres, sa vie & son uvre (1780-1867) : d'après des documents inédits / ouvrage illustré de 400 reproductions, dont 11 en héliogravure, Georges Petit, Paris, 1911.
[11] Thuillier, Jacques, Op. Cit.
[12] Derivery, François, Op. Cit.
[13] Baudelaire, Charles, Ecrits sur lart, Le Livre de Poche, Edition présentée et annotée par Francis Moulinat, Paris, 1999.
[14] Jacques, Thuillier, Op. Cit.
[15] Idem.
[16] Thuillier, Jacques, Op. Cit.
[17]
Plessis, Alain, De la fête impériale au mur des fédérés,
1852-1871, Nouvelle Histoire de
[18] Thuillier, Jacques, Op. Cit.
[19] Thuillier, Jacques, Op. Cit.
[20] Lécharny, Louis-Marie, Op. Cit.
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